Réseaux sociaux, où la cuisine fait recette

Sur le réseau TikTok, le hashtag #TikTokFood comptabilise plus de 150 milliards de vues ! © Getty Images

Le soufflé des émissions télé est en train de retomber… Mais la mayonnaise prend sur les réseaux sociaux.

Tarte tatin de chicon, poire et roquefort. Dimanche matin, en traînant sur Facebook, je suis tombée sur cette recette. La photo montrait des chicons bien caramélisés, recouverts d’une pâte feuilletée. Ça semblait délicieux et pas compliqué. Comment résister à l’envie de cliquer ? Sur les réseaux sociaux comme à la télé, la cuisine fait recette. Pourquoi ? C’est la question que se pose Sonia Devillers, mercredi à 19.30, dans «Le Dessous des images».

Le sanglier de Maïté

On peut se disputer autour de la recette d’une pâte carbonara (faut-il de la crème ou pas ?), on se retrouvera toujours à la dégustation. La cuisine, c’est fédérateur. Mais une époque n’est pas l’autre… Pour s’en convaincre, il suffit de revoir quelques séquences d’archives où Maïté saignait un canard ou dépeçait un sanglier devant les caméras de France 3. On n’imagine plus de telles images en télé aujourd’hui ! Car les émissions culinaires en disent beaucoup sur l’époque… Quand Maïté a rangé son tablier, la cuisine a disparu des écrans pendant quelques années. C’étaient l’époque des wonder women, qui se détournaient des fourneaux. Le renouveau est venu des Anglais, dont Jamie Oliver, qui ont apporté un nouveau ton aux programmes culinaires. Chez nous s’ensuivit le boom des «Top Chef», «MasterChef», «Comme un chef»… Le concept s’est décliné à toutes les sauces.

Du rire aux larmes

Faire de la cuisine en télé, ce n’était pourtant pas gagné d’avance. Car on a l’image et le son, mais pas l’essentiel : l’odeur et le goût. Alors, pourquoi les émissions culinaires ont-elles cartonné ces dernières années ? Car elles se sont formatées aux codes de la téléréalité, avec compétition et élimination. Plus que les recettes, c’est l’humain qui a été mis en avant : les larmes d’un candidat malheureux, les coups de gueule de Philippe Etchebest, les fous rires dans «Un gars, un chef»… Au passage, le téléspectateur apprend peut-être à ciseler la ciboulette ou «revisiter» une tarte aux fraises, mais c’est l’humain et ses émotions qui sont au centre du dispositif. On assiste d’ailleurs à une starification des chefs, qui deviennent des people.

M. et Mme Tout-le-Monde

Le concept commence toutefois à s’essouffler. L’an dernier, la finale de «Top Chef» saison 14 réunissait 2,2 millions de téléspectateurs en France, contre plus de 5 millions auparavant. En Belgique, l’érosion est moins forte, mais tout aussi réelle. Lassitude ? Ou déplacement de l’intérêt ? Car la cuisine s’est trouvé un autre support : les réseaux sociaux. On voit défiler des assiettes et les recettes sur Facebook, Instagram ou YouTube. Mais le champion, c’est TikTok : le hashtag #TikTokFood comptabilise plus de 150 milliards de vues ! Pourquoi un tel succès ? D’abord parce que c’est la cuisine de M. et Mme Tout-le-Monde (alors que «Top Chef» s’éloigne de plus en plus des réalités de la ménagère). Ça semble simple à refaire chez soi.

1 minute max

Cette impression de facilité est souvent liée à la rapidité. Une recette sur les réseaux, c’est 1 minute maximum ! Ici, le visuel prime. Un gros plan à la verticale sur la préparation, un montage rapide, quelques accélérés si nécessaire, une petite musique dynamique et c’est parti. Ce format semble parler à toutes les générations. À tel point que les grandes marques et la télé sont en train de le récupérer. Pour la télé, ça fait des programmes courts à glisser entre deux écrans publicitaires… Tout bénéfice !

Cet article est paru dans le Télépro du 19/10/2023.

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