Vers le verre vert

On dit que le verre se recycle à l’infini… Mais son impact sur l’environnement n’est pas neutre pour autant !

Le lait, le yaourt, la limonade, l’huile, le coulis de tomate… Préférez-vous les acheter dans un contenant en verre ou en plastique ? Le plastique est plus léger, donc plus pratique. Le verre, lui, semble plus écologique. Mais est-ce vraiment le cas ? Mardi, France 5 évoque la question dans le documentaire «Le Verre dans tous ses éclats».

Le Belge et les bulles

Le verre se recycle à l’infini. Dixit les acteurs du secteur. Notamment Fost Plus, qui gère depuis 1994 la collecte sélective, le tri et le recyclage de nos emballages ménagers. Au fil des années s’est peu à peu organisée la collecte des papiers et cartons, des PMC dans les sacs bleus et des verres dans les bulles posées aux quatre coins du pays. En 2022, Fost Plus a ainsi pu recycler l’équivalent par habitant de 15,2 kg de papiers et cartons, 17,4 kg de plastique et 30,1 kg de verre. Le recyclage de ce dernier, lancé par les industriels verriers lors du choc pétrolier des années 1970, est particulièrement bien ancré dans les habitudes. Le taux de recyclage du verre en Belgique dépasse même les 100 % !

Économie circulaire

Que devient le verre de nos bulles à verre ? Il est d’abord retrié. Car si l’on peut produire du verre coloré avec du verre blanc, l’inverse n’est pas vrai. Un tri précis est donc indispensable pour produire du verre incolore issu du recyclage. Les impuretés (bouchons, capsules et étiquettes) sont ensuite enlevées. Puis le verre est broyé et envoyé en verrerie, où il sera fondu et transformé en de nouveaux produits (bouteilles, bocaux et autres). En théorie, le verre est ainsi recyclable à l’infini sans perdre ni en quantité ni en qualité. Car il est fabriqué à partir de matériaux naturels, principalement du sable, dont la composition chimique ne s’altère pas au fil du temps. Le verre contribue donc à l’économie de demain : une économie circulaire où les matières premières sont recyclées plutôt que d’être jetées après un premier usage.

Victoire du plastique

Le verre se recycle à l’infini… C’est vrai. Mais on en déduit trop souvent que cela en fait une matière totalement respectueuse de l’environnement. Et ça, c’est faux. En 2022, le Scan du JT de la RTBF avait posé la question : «Vaut-il mieux acheter une bouteille en verre ou en plastique ?» Réponse d’Angélique Léonard, professeur à l’ULiège, spécialiste de l’impact environnemental des cycles de vie : «Très clairement, aujourd’hui, et plus encore dans les années qui viennent, le mieux reste de choisir les bouteilles en PET». Victoire du plastique. Pour une bouteille en verre à usage unique, c’est une évidence : sa production génère cinq fois plus d’émissions de CO 2 que celle d’une bouteille plastique. Seule la bouteille consignée ou recyclée peut peut-être rivaliser. Mais son nouveau cycle de vie ne sera pas sans impact sur l’environnement. Car il va d’abord falloir transporter ces tonnes de verre. Puis les contenants consignés vont être lavés à grande eau pendant que les recyclés seront fondus à 1.500 °C.

Pas la panacée

Le coût environnemental du recyclage est certain. Mais la production de verre recyclé reste plus propre que celle de verre neuf : elle demande moins de matières premières, consomme moins d’énergie et produit moins d’émissions dans l’atmosphère. Ce n’est pas la panacée, mais c’est toujours ça de gagné. Attention lors du tri : cela ne vaut que pour les flacons d’emballages (bouteilles et bocaux). Les autres verres (vaisselle, cadres, vitres…) ne sont pas (encore) recyclés.

Cet article est paru dans le Télépro du 2 mai 2024.

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