Vol MH370 : le grand mystère

Image extraite du documentaire diffusé ce mardi sur France 2 © France 2/Fédération Studio France/So In Love

Il y a dix ans, un Boeing 777 de la Malaysia Airlines disparaissait quarante minutes après son décollage. Mardi, France 2 consacre sa soirée à l’un des mystères les plus déroutants de l’histoire de l’aviation, avec le documentaire «MH370, la vérité disparue».

Dans la nuit du 7 au 8 mars 2014, le vol Malaysia Airlines MH370 décolle de Kuala Lumpur, en Malaisie, pour se rendre à Pékin, en Chine. Peu de temps après son départ, l’avion disparaît des écrans radars sans émettre le moindre signal de détresse. À son bord : 239 personnes de quatorze nationalités.

Presque dix ans après, malgré plusieurs opérations d’ampleur, l’appareil n’a jamais pu être localisé. Seuls une quarantaine de débris ont été retrouvés entre 2015 et 2019, à La Réunion, en Afrique du Sud, au Mozambique, en Tanzanie, sur l’île Maurice et à Madagascar.

Mais appartiennent-ils vraiment au B-777 malaisien ? Les experts ne sont pas d’accord, comme ils ne s’entendent sur aucune des théories émises depuis 2014 concernant la disparition d’un des avions réputés les plus sûrs au monde, dans une région sensible surveillée par la Chine et les États-Unis. Incendie, défaillance technique, dépressurisation, acte terroriste, sabotage, tir de missile, détournement ou crash délibéré ?

Acte délibéré ?

La première piste privilégiée au lendemain de la tragédie est celle d’un acte terroriste. Puis très vite, les enquêteurs pointent du doigt le commandant de bord, Zaharie Ahmad Shah, 53 ans. Il aurait détourné l’appareil volontairement, fait un quasi-demi-tour au nord-est de la Malaisie pour prendre une route vers l’ouest puis vers le sud avant de sombrer, faute de carburant, au large de l’Australie.

Pilote expérimenté, Zaharie Ahmad Shah ne semblait pas avoir un profil suicidaire. Mais le pilote de la Malaysia Airlines était un opposant politique affirmé au pouvoir en place. «Plusieurs hypothèses «exotiques» ont été propagées sur la supposée instabilité du pilote», réfute Florence de Changy, correspondante pour Le Monde en Asie et auteure de deux ouvrages sur l’énigme de Vol MH370.

Elle avance une tout autre thèse. Les États-Unis étaient au courant d’une cargaison secrète chargée à bord du MH370, qui contiendrait une arme américaine ultrasensible à destination de la Chine. Les Américains auraient tenté d’empêcher la livraison, en utilisant des AWACS, des avions radars destinés à surveiller un large espace aérien. Ils auraient volontairement brouillé les communications du MH370 et auraient demandé au pilote de changer de trajectoire avant son entrée dans l’espace aérien chinois. Face au refus de Zaharie Ahmad Shah, l’avion aurait été abattu soit volontairement, soit par erreur, en mer de Chine.

Brouillage de pistes

«Il y a un nombre de mensonges hallucinants dans cette théorie», conteste Xavier Tytelman, expert en aéronautique. Pas de quoi déstabiliser la journaliste. «Une très vaste opération de communication a visé depuis le début à détourner l’attention des médias vers des fausses pistes, comme le ferait un magicien au moment de faire disparaître un objet. L’avion n’a jamais fait demi-tour vers l’océan Indien, comme l’indiquent les autorités malaisiennes.»

Un avis que partage Ghyslain Wattrelos, un Français qui a perdu le 8 mars 2014 son épouse et ses deux enfants. «On sait qu’il y a eu une volonté de faire disparaître cet avion, mais pourquoi ? Pour moi, la vérité est entre les mains des gouvernements des pays concernés.»

En juillet 2018, l’équipe internationale d’investigation menée par la Malaisie rendait son rapport final en indiquant que l’enquête n’avait pas permis d’établir la véritable cause de la volatilisation du vol MH370. Mais qu’il était impossible d’exclure l’intervention d’une tierce personne. Des conclusions que fustige Florence de Changy. «Je dis depuis le début que cet accident n’est pas un incroyable mystère et que la version officielle selon laquelle il a disparu est une insulte à l’intelligence humaine.»

Cet article est paru dans le Télépro du 18/1/2024

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