Patrimoine : Amsterdam sous les flots !

Les Néerlandais investissent des milliards pour protéger leur splendide «Venise du Nord» © Isopix

Le réchauffement climatique menace la capitale des Pays-Bas. Ce jeudi à 22h15 sur La Une, «Doc shot» se penche sur son sauvetage.

Au commencement était un petit village de pêcheurs. Installé en bord de mer, le temps a depuis emporté son nom, pour autant qu’il en eut un. L’histoire retient par contre celui que les hommes lui donnent depuis près de neuf siècles. Celui composé du nom d’un ouvrage qu’ils ont construit (une digue : dam) et du fleuve sur lequel cette digue fut construite (l’Amstel) : Amsterdam !

Étrange destin que celui de cette métropole construite 6m70 sous le niveau de la mer, qui doit à celle-ci sa richesse mais aussi sa hantise de toujours : disparaître sous les flots. La peur de tout un pays qui s’échine à se battre contre les éléments et à dompter les eaux pour gagner le droit d’exister. Le réchauffement climatique, qui fait fondre les glaciers et monter le niveau des eaux, vient encore gonfler ces craintes.

Le combat d’un pays

«Dieu a peut-être créé le monde, mais ce sont les Néerlandais qui ont créé les Pays-Bas», disait au XVIIe siècle le mathématicien René Descartes. Rarement ce qui est considéré comme un dicton aura si bien collé à la réalité. Depuis près d’un millénaire, la lutte se poursuit, sans relâche. Avec des défaites cuisantes, marquées dans la mémoire collective des Néerlandais. Comme le raz-de-marée de la grande tempête de 1134, à l’origine de l’archipel de Zélande («pays de la mer») mais aussi du Zwin…

Plus proche de nous dans le temps, les inondations de 1953 sont une autre blessure douloureuse. La nuit du 1 er février, un vent puissant «(…) souffle pendant vingt heures et le niveau de la mer monte de 4m20 au-dessus du niveau zéro d’Amsterdam», rappelle le site holland.com. 150.000 hectares sont inondés (une fois et demi la superficie du Brabant wallon), 1.850 personnes meurent noyées, 70.000 habitants sont sinistrés.

Travaux d’Hercule

Avec méthode et obstination, les Pays-Bas mettent en œuvre des moyens colossaux pour s’abriter en renforçant leurs 884 kms de côtes maritimes. Et en se protégeant aussi des «ennemis de l’intérieur» que sont les trois grands fleuves qui les traversent : le Rhin, la Meuse et l’Escaut. Le «Plan Delta» en est l’un des exemples les plus spectaculaires. Surnommé «la 8e merveille du monde», il est constitué de digues, barrages, écluses et d’un barrage anti-tempête de 8 kms, «treize éléments formant le plus grand barrage anti-tempête au monde» pour protéger la Zélande.

Longue de 32 kms, l’Afsluitdijk (la digue de fermeture), au nord d’Amsterdam, protège le pays contre la force de l’eau depuis 1933. L’enjeu est de taille : 10 millions des 17 millions de Néerlandais habitent en zones inondables, deux tiers de la richesse du pays est concentrée dans ces zones. La nation confie donc à ces ouvrages sa vie et son économie.

Réchauffement du climat

«Avec un réchauffement climatique de 2 à 4 degrés, Amsterdam aura les pieds dans l’eau d’ici trente ans», affirment certains scientifiques. 2050, c’est demain ! Alors les travaux de protection prennent une nouvelle ampleur. Rijkswaterstaat, Nieuwe Afsluitdijk : les nouveaux travaux fleurissent, l’entretien et le renforcement de ce qui existe s’accélère. «Une enveloppe de 1,2 milliard d’euros est consacrée chaque année à assurer la sécurité des digues dans le cadre du Plan Delta», indique Les Échos.

Il n’empêche… Selon le site businesstravel.fr, «Amsterdam est l’une des villes européennes qui aurait le plus à souffrir du réchauffement». L’Association Christian Aid va plus loin. Selon ses calculs, Amsterdam est la capitale européenne où les dégâts financiers seront les plus importants en cas de montée des eaux : elle se situe au 14e rang mondial. Depuis près d’un millénaire, les Néerlandais luttent. L’heure du crucial combat contre l’eau a sonné…

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 5/11/2020

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