Ai Weiwei, la contestation dans le sang

Ai Weiwei © Getty Images

Vendredi à 23h10, France 5 revient sur les œuvres les plus provocantes de l’artiste chinois Ai Weiwei. Mais qui est ce rebelle engagé ? Portrait.

Né à Pékin en 1957, Ai Weiwei est le fils d’Ai Qing, poète considéré comme un opposant au régime communiste. À l’instar de nombre d’intellectuels victimes de la Révolution culturelle, il est envoyé dans des camps de rééducation avec les siens. C’est là qu’Ai Weiwei passe les vingt premières années de sa vie.

À la mort de Mao Zedong, sa famille peut rejoindre Pékin où il est accepté à l’Académie du film en 1978. Lorsque l’occasion se présente, il quitte la Chine, direction les États-Unis. À New York, il fréquente quelque temps la prestigieuse Parsons School of Art et tombe sous le charme de l’œuvre radicale de Marcel Duchamp et ses «ready-made». En 1993, la santé de son père déclinant, l’artiste retourne dans son pays natal.

Contestataire

C’est là que son art trouve tout son sens. Combattre le totalitarisme chinois devient la ligne conductrice du travail d’Ai Weiwei. L’exemple le plus parlant et, peut-être, le plus connu ? La photographie de son majeur fièrement levé en direction de la place Tiananmen, lieu de répression des manifestations de 1989.

La tour Eiffel, la Maison Blanche, la basilique Saint-Marc, la Joconde… tous ont droit à leur doigt d’honneur avec la série «Study of Perspective». Photographie, sculpture, architecture, vidéos, écriture, Ai Weiwei touche à tout. Y compris à l’Histoire, apposant par exemple le logo de Coca-Cola sur un vase de la Dynastie Han (-206 – 220). Et finit immanquablement par devenir un problème pour les autorités chinoises.

Tremblements

En mai 2008, un terrible tremblement de terre touche la région du Sichuan. De nombreuses écoles s’effondrent. Ai Weiwei se donne pour mission de publier la liste des écoliers disparus, alors que le gouvernement se refuse à reconnaître le nombre de victimes. L’affront passe mal. S’ensuivent arrestations, intimidations et violences policières, documentées par l’artiste sur Internet. En avril 2011, il est arrêté et détenu durant quatre-vingt-un jours sous prétexte d’évasion fiscale. Libéré sous caution, il ne peut quitter Pékin qu’en 2015, date à laquelle il récupère finalement son passeport.

Au revoir la Chine !

Enfin libre, il s’envole avec sa famille pour Cambridge (Royaume-Uni), puis le Portugal. Mais la Chine ne l’oublie pas. Son atelier de Pékin est détruit, les œuvres qui y étaient aussi. En arrivant en Europe, Ai Weiwei s’attaque à la crise des migrants avec plusieurs créations coup de poing. Il expose notamment 14.000 gilets de sauvetage récupérés sur l’île grecque de Lesbos et produit le documentaire «Human Flow», qui expose le sort des migrants. En 2023, quatre de ses expositions ont été annulées en raison d’un tweet sur l’État d’Israël. «Si la liberté d’expression est limitée au même type d’opinions, elle devient un emprisonnement pour l’expression», a-t-il regretté.

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