Tatouages : business, mode, philosophie

Image extraite de l'émission "Discover", à voir sur RTL plug © Capture écran RTL plug

Les dessins et messages affichés tant par les stars que par les anonymes dérangent ou fascinent. Et suscitent toujours beaucoup de questions. Ce mercredi à 21h sur RTL plug, le magazine «Discover» nous emmène au salon du tatouage de Paris.

Objets d’études sociologiques et scientifiques, les tatouages – et leurs propriétaires – sont recensés dans de nombreux pays, dont les États-Unis où selon Gitnux (5 septembre 2023), 30 % des Américains en ont au moins un. Chez nous, selon une étude d’août 2022, 500.000 Belges décoreraient leur épiderme. Le SPF Santé, en charge de ce sujet depuis plus de dix ans, note qu’environ 20 % d’entre eux éprouveraient ensuite des regrets.

Révolte passive

Selon les scientifiques anglo-saxons, les tatouages actuels représentent majoritairement un besoin de se démarquer dans une société où l’image est reine et où, paradoxalement, la communication humaine devient difficile. Un signe à même la peau permettrait donc de donner rapidement à autrui des indices sur soi.

L’anthropologue américaine Kirby Farrell ajoute qu’il s’agirait parfois «d’une couverture de sécurité». Ou «d’une protestation agressive passive, en réaction à une époque où nous sommes hantés par une impression d’oppression due aux systèmes de contrôle et leurs intrusions dans notre sphère privée.»

La pratique peut aussi être, dans certains cas, une façon d’exprimer des moments ayant bouleversé un individu au cours de sa vie. Le psychanalyste Max Belkin explique : «Les tatouages sont souvent des pensées dont nous n’avons pas parlé, y compris à nous-mêmes. Je les analyse souvent avec mes patients, tels des rêves en leur demandant de décrypter les sentiments liés à ces symboles, ces acronymes ou ces mots.»

Petits secrets

À ce titre, les stars, comme les tatoués anonymes, révèlent de petits secrets. Sophie Turner («Game of Thrones») arbore la lettre «G» sur son petit doigt en l’honneur de feu son grand-père, tandis que Lily Collins («Emily in Paris») porte une rose sur son pied avec la phrase «La nature de cette fleur est de fleurir». L’actrice a confié au Daily Mail UK : «Un seul pétale tombe pour traduire le fait que je semble délicate, mais que je suis aussi forte qu’une rose.»

Certains «tattoos» sont souvent artistiques. Notamment pour Angelina Jolie. «Je les apprécie simplement parce que c’est de l’art», dit-elle. «Il est normal pour quelqu’un qui passe sa vie dans la peau d’autres personnages de vouloir exprimer ses propres facettes comme sur un écran !»

Cette attitude esthétique ne date pas d’hier. Ötzi, homme dont le corps tatoué a été découvert dans les Alpes en 1991, aurait vécu il y a 5.200 ans. Des motifs peints sur des momies égyptiennes féminines ont également surpris les chercheurs.

Temps de réflexion

Moderne ou ancien, le «tatau» (du polynésien «ta» signifiant dessin et «atua», esprit) demande réflexion avant de passer à l’acte. La tatoueuse Marie Randle conclut : «Ceux qui l’envisagent devraient examiner leur motivation avant de changer définitivement d’apparence.» Un(e) tatoué(e) averti(e) en vaut deux…

Cet article est paru dans le Télépro du 21/9/2023

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