Vincent Lindon : «Je fais de mieux en mieux quelque chose que j’aime de moins en moins»

Vincent Lindon : «Je fais de mieux en mieux quelque chose que j'aime de moins en moins»
AFP

César du Meilleur acteur 2016, il a évoqué avec humour, jeudi à Lyon, trente-trois ans de carrière lors d’une masterclass dans le cadre du Festival Lumière.

Ce qui l’intéresse dans ce métier, « c’est avant «moteur» et après «coupez», c’est l’écriture, la production, les rapports entre les gens », a expliqué le comédien de 57 ans, interrogé par le directeur du Festival, Thierry Frémaud, après un «mâchon» matinal arrosé, tradition gastronomique lyonnaise.

« Le moment de jouer est trop court, cette jouissance trop petite ne m’intéresse pas », poursuit ce fils d’aristocrates, conscient qu’il « peut faire peur à certains metteurs en scène » – ce qu’il « regrette » – parce qu’il les « renvoie sans arrêt à un questionnement ». Et si, à 30 ans, il était « prêt à tout pour tourner avec eux », il se dit aujourd’hui que c’est « tant pis pour eux ».

Il assure pourtant ne pas connaître « une plus belle relation qu’entre un acteur et son metteur en scène ». « Quand ça se passe bien, c’est sublime », dit-il évoquant son admiration pour le réalisateur Jacques Doillon.

« Pour moi, le metteur en scène, c’est mon père, mon frère, mon ami, c’est quasiment homosexuel, pendant deux mois il n’y a que son avis qui m’intéresse », assure Vincent Lindon qui a une « hantise »: « être un mauvais souvenir pour un metteur en scène ». D’où son envie de « faire les scénarios qui (lui) plaisent ».

« J’ai refusé énormément de films et j’ai évité beaucoup d’écueils », dit encore celui qui se reconnaît des « côtés «petit con», au cinéma comme ailleurs, avec un plaisir énorme à dire «non» ». Il s’est retrouvé acteur, non « par vocation » mais par « amour du travail ». Et « fera peut-être autre chose un jour ».

Dans une évocation pleine d’humour, il raconte comment en 1981, à 21 ans, il s’est « retrouvé conducteur de la camionnette costumes de Gérard Depardieu« , qui s’est « pris d’affection » pour lui et à qui il voue une « passion ». Et comment il « a passé sa vie pendant un an et demi, en tournée, avec Coluche », un « génie du 20e siècle », qui l’a « énormément influencé dans (sa) façon de penser et de réagir ».

Il assure qu’avec l’âge « tout est mieux, mais plus »: « plus de trac » avant une prise et « de moins en moins de sang-froid devant les choses qui n’ont pas d’importance ». « Je pense qu’en vieillissant, on ne prend rien au sérieux mais tout au tragique », s’amuse-t-il.

Mais il ne se voit pas en « vieil acteur », même s’il en « admire » beaucoup. « Je ne voudrais pas imposer l’odeur de ma peau à une jeune actrice ».

« J’adorerais arrêter à 60 ans, dans trois ans, mais à mon avis, je ne vais jamais y arriver. Rien que cette idée, c’est ma psychanalyse à moi pour tourner jusqu’à 85 ans », dit celui qui reste locataire et roule en scooter. Et qui, depuis 9 ans, « ne parle plus du tout politique ».

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