Witloof Bay : «Nous n’avons pas fait plus de concerts grâce à l’Eurovision !» (interview)

Witloof Bay : «Nous n’avons pas fait plus de concerts grâce à l’Eurovision !» (interview)
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

En 2011, le groupe a cappella représentait la Belgique au Concours Eurovision. Télépro a voulu savoir comment la carrière du groupe avait évolué.

Florence Huby, l’un des deux chanteuses, dresse le bilan.

Pourquoi avoir été à l’Eurovision, en 2011 ?

En fait, c’est une amie qui nous en a parlé (en 2011, la sélection était publique en collaboration avec Akamusic, NDLR). On cherchait à se faire connaître par le grand public, et honnêtement aussi à l’international, et cette sélection est tombée à point nommé.

C’était plus difficile que ce que vous ne l’imaginiez ?

D’un côté, on ne s’attendait pas remporter la finale belge parce que c’est le public qui votait (avec 4 jurés), et la musique a cappella n’est pas à la mode. On a été sélectionnés à notre grande surprise. La belle aventure commençait déjà… Et sur place, à Düsseldorf, on s’est retrouvé sur une scène magnifique dans un énorme stade. On avait l’impression que tout roulait. Rien n’était compliqué, alors qu’en fait, c’était une technologie de haut vol ! On n’était pris en charge tout le temps. On ne s’est jamais senti pressé et on a eu l’occasion de rencontrer des personnalités de l’Eurovision, comme Alexender Rybak (le gagnant 2009). On était juste bien entre musiciens et on faisait des jams. C’était cool, et on a profité à fond.

Il n’y avait pas les contraintes du Concours ?

Je pense que c’était plus les contraintes du show. Avec le timing et les marques au sol à respecter pour nos positions. Nous sommes tous des musiciens classiques dans le groupe, et nous avons toujours été habitués à avoir une discipline, donc ça faisait partie du boulot. Pour nos spectacles, nous avons aussi une discipline à respecter dans la mise en scène.

Vous êtes passé à côté de la finale d’un point…

Il y a des membres du groupe qui l’ont plus mal vécu que d’autres. Pour ma part, c’est la vie…

L’Eurovision vous a ouvert des portes ?

Je pense que non. Aucun concert suite à l’Eurovision. Après la finale belge, nous avons eu une vingtaine de confirmations de concert pour la fin de l’année, mais je pense que suite à notre passage à l’Eurovision, non. Nous avons découvert que des gens ont repris notre chanson au Japon et en Russie. Il y a même un fan club russe, mais pas de tournée grâce à l’Eurovision. Ce que nous avons fait après l’Eurovision (une tournée en Amérique du Sud, à Taïwan, au Canada… NDLR), c’était avec notre manager, pour des festivals de chant choral. Apparemment, notre style ne correspond pas au milieu pop.

Pourtant quand on vous écoute, ce n’est pas de la chorale ?

Non, et on est d’accord, le public adore ce que l’on fait, mais l’image du groupe n’est pas dans la pop. On nous classe entre le classique et la pop, avec quelques couleurs jazzy. Notre public nous connaissait bien avant l’Eurovision, donc ça n’a pas changé grand-chose. Bien sûr, des personnes nous ont découverts grâce à l’Eurovision. Et des gens pensent même que le groupe s’est créé pour l’occasion, alors qu’on a quelques années de carrière derrière nous.

Nicolas Dorian et vous travaillez pour «The Voice Belgique», c’est un peu grâce à l’Eurovision ?

Leslie Cable, la productrice, a proposé à Nicolas, à Düsseldorf, de devenir le coach vocal dans le projet. Grâce à Nico, j’ai suivi le programme, alors que les télécrochets ne sont pas ma tasse de thé… Fin 2012, Nicolas Dorian me demandait de prendre les chœurs en charge.

Vous referiez l’Eurovision ?

Sans hésiter, oui ! C’était trop marrant… Personnellement, je n’étais pas impressionnée par la machine Eurovision. Sur scène, je n’étais pas stressée. Nous ne sommes pas des petits jeunets et nous avons tous fait des études qui nous ont formé à être devant du public. Alors, qu’il y en ait 25.000 ou 100, c’est pareil. On doit donner la même qualité de chant et de concert !

Quatre ans après que devient Witloof Bay ?

Il y a un second album de prévu, mais qui traîne un peu parce que pas mal de nos membres ont des activités à côté qui sont prenantes. Il est déjà enregistré. Pour l’instant, c’est une période plus creuse, au niveau des concerts. On a sorti un nouveau show, mais on a du mal à trouver des salles. C’est une tendance un peu générale pour pas mal d’artistes.

Il ne manque pas une émission de télé pour faire de la promo ?

Nous avons déjà fait «D6Bels on Stage» en 2011, mais le problème reste aussi le style. L’a cappella est difficile à programmer.

S’il fallait donner une cote sur votre aventure à l’Eurovision ?

15/20. OK, on n’a pas été en finale à cause des «chapeaux pointus » (le groupe moldave, Zdob şi Zdub, aidé par un 12 points de la Roumanie…), et ça aurait été plus chouette car on aurait été vus par plus de monde. Mais, j’ai vécu une super aventure. On a appris que le commentateur allemand avait adoré et a lancé un «Dass ist World Class !» (rires) C’est le plus beau commentaire qu’on puisse nous faire. Après, ma foi… On savait qu’on n’avait rien à faire à l’Eurovision. Le style et le groupe détonaient par rapport au reste des prestations. L’a cappella n’a pas la même énergie. Et quand on a vu les récaps dans la Green Room, on remarque que c’est le calme plat dans la salle pendant que l’on chante, parce que les gens prêtaient l’oreille pour nous entendre. Alors qu’un groupe électrique, l’ambiance est plus survoltée.

Il y a eu du changement dans le groupe ?

Oui, notre beatboxer est parti. RoxorLoops a été appelé sur un autre projet. Son remplaçant, Stijn Bearelle, a un format différent. Roxor avait un son très précis, et Stijn a un look plus nounours avec un son plus fort. Nous faisons plus de compositions, mais ça reste dans la pop avec des sonorités jazzy. Un single est sorti en 2013, «Elle s’en va», écrit par Nicolas Dorian. Mais les gens dans la pop trouvent que ce n’est pas pop. Malheureusement, on n’est pas beaucoup passés en radio…

Entretien : Pierre Bertinchamps

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