La vie sexuelle des insectes

Image extraite du documentaire «Les Insectes, une vie sexuelle foisonnante» © Arte/Red Trillium Films
Giuseppa Cosentino Journaliste

Pour une partie de pattes en l’air, les arthropodes (bêtes munies d’un exosquelette) rivalisent d’ingéniosité. Ce samedi à 22h30 avec le documentaire «Les Insectes, une vie sexuelle foisonnante», Arte passe à la loupe certaines de leurs techniques de séduction les plus… affriolantes.

Parmi les dix milliards de milliards d’espèces d’insectes et d’arachnides qui grouillent sur la planète, tous les moyens sont bon pour conter fleurette. Quitte à y laisser quelques mandibules ou, pour les plus intrépides, la vie ! Et si nous passions leurs ébats rocambolesques au microscope ?

La sérénade du grillon

Si les stridulations de ces petites bêtes sauteuses évoquent les vacances, elles ont un objectif bien précis : séduire par le chant ! Leurs «cri-cri» d’amour, produits par le frottement des deux élytres (ailes dures), se composent en trois phases : d’abord le chant d’appel pour attirer la femelle, puis le chant de cour pour la convaincre de passer à l’acte et, enfin, le couplet final, plus agressif afin de conclure. La femelle choisira le plus gros mâle qui présente, de ce fait, des caractères génétiques de robustesse. Pour le reconnaître, il suffit de prêter l’oreille. «Son chant sera plus riche en basses fréquences», nous apprend le documentaire d’Arte (samedi à 22.30). «Le plus bruyant peut être entendu jusqu’à 50 m !» Piètre chanteur au regard de la punaise d’eau. Cet insecte de 2 mm de longueur a la particularité de chanter avec… son phallus ! Les sonorités émises par son attribut auraient, proportionnellement à sa taille, une puissance équivalente à celle d’un barrissement d’éléphant !

Le cannibalisme amoureux

Tristement célèbre pour ses penchants carnassiers, la mante religieuse a dû faire quelques compromis pour sauver son couple. Puisque 30 % des rencontres finissent par une mise à mort du mâle, ce dernier a développé une stratégie : observer les femelles avant de les approcher. Plus elles sont agitées, plus elles ont faim. Mieux vaut donc privilégier une prétendante calme et… dodue. Puis, se jeter dessus par surprise ! Monsieur aime l’amour vache mais pas au point d’en perdre la tête. Si, par malheur, cela devait arriver, la livraison de semence parviendrait à bon port. Les nerfs de l’abdomen restant opérationnels post-mortem pendant quelques instants…

Le don de soi est également très prisé par la veuve noire à dos rouge qui, elle, dévore son amant à tous les coups. Chez la veuve blanche et la néphile dorée, c’est l’autocastration qui a la cote ! Résignés, ces amants à huit pattes se brisent le pédipalpe (deuxième paire d’appendices où est stocké le sperme) en plein acte afin d’être certains de féconder la belle malgré leur trépas.

La punaise de lit et son «poignard»

Dire que la punaise de lit est portée sur la chose est un euphémisme. Les mâles peuvent avoir près de 200 rapports par jour, dont 50 % sont homosexuels. Pas trop regardants, ils se munissent de leur pénis perforateur pour transpercer le dos de leur partenaire. Leurs spermatozoïdes injectés au hasard dans le sang se dirigeront ensuite jusqu’aux ovaires. Si elle s’en sort sans lésion, l’heureuse élue n’a besoin de se reproduire qu’une seule fois pour ensuite pondre quatre à cinq œufs par jour pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois…

Cet article est paru dans le Télépro du 25/4/2024

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