Vidocq, Monsieur 100.000 vies

Vincent Cassel campe le légendaire Vidocq, lundi soir sur France 3 © France 3
Alice Kriescher Journaliste

Ce lundi à 21h10 sur France 3, «L’Empereur de Paris», de Jean-François Richet, met en scène Vincent Cassel sous les traits de François Vidocq, un bagnard devenu une légende suite à ses multiples évasions.

Durant le règne de Napoléon Ier , François Vidocq, le seul homme à s’être échappé des plus grands bagnes du pays, est laissé pour mort après sa dernière évasion spectaculaire. L’ex-prisonnier essaye alors de se faire oublier en feignant d’être un simple commerçant… Voici pour la fiction. Qu’en est-il de la réalité ?

Tombé dedans petit

Né à Arras en 1775, Eugène-François Vidocq montre très jeune un certain talent pour la filouterie. Dès l’enfance, fort de sa nature rusée et intrépide, il commet déjà quelques larcins, même chez ses proches. À 13 ans, il entreprend de voler les couverts de la maison familiale pour les revendre. Furieux, son père le fait lui-même envoyer en prison. Trois ans plus tard, il récidive. À l’étroit dans sa province natale, il dérobe la caisse de la boutique de ses parents et s’enfuit vers… la Belgique, afin de gagner les États-Unis. Mais le fugueur est démasqué et renvoyé à Arras.

«Le voilà engagé dans l’armée, au régiment de Bourbon. L’autorité militaire lui sied mal, il déserte, se réengage du côté des Autrichiens…», relate Le Figaro. «Petit escroc, bagarreur, il est familier des prisons. Alors qu’il est emprisonné à Lille en 1796 pour une rixe, il rédige un faux pour favoriser l’évasion d’un codétenu.» Pour cela, il est condamné à huit ans de bagne mais, trois jours après son arrivé dans celui de Brest, il s’échappe en se déguisant en matelot. Rebelote l’année suivante lorsqu’il est coffré à Toulon, cette fois habillé en chirurgien. Le milieu du banditisme ne parle plus que de lui, un mythe est né.

De voyou à policier

Malgré son panache et sa réputation, Vidocq est épuisé par sa vie de fugitif. Dès 1805, il tente d’obtenir la grâce de l’Empereur, en vain. En 1809, il devient mouchard pour la préfecture de Police et dénonce les plans d’évasion de ses codétenus. Renforcé par ce nouveau statut, il plaide à nouveau sa cause auprès de Napoléon, mais ce dernier fait toujours la sourde oreille. «Deux ans plus tard, il rejoint les rangs d’une brigade de sûreté composée d’anciens repris de justice repentis», explique le magazine GEO. «Malgré des méthodes peu orthodoxes, l’homme se montre particulièrement efficace et procédera en seize ans à des milliers d’arrestations, lui valant autant de détracteurs que d’admirateurs.» En 1818, Louis XVIII consentira finalement à lui accorder la grâce.

Vérité arrangée ?

Jusqu’à sa mort, en 1857, Vidocq exercera bien d’autres professions, de détective privé à propriétaire d’une usine à papier infalsifiable. Mais c’est avec la publication de ses Mémoires qu’il est entré dans l’Histoire, sans qu’on puisse tout à fait démêler le vrai du faux. «Qu’y a-t-il de vrai dans son récit ? Une chose est sûre, c’est que grâce à ses évasions, il avait acquis une grande popularité dans le monde des escarpes», écrit ainsi Jean Tulard dans son ouvrage «Le Monde du crime sous Napoléon».

Cet article est paru dans le Télépro du 11/5/2023

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